Quand j’étais enfant, je prenais plaisir à écouter ma mère et les voisines discuter entre elles, là, en bas de notre immeuble. Leurs conversations étaient souvent teintées de rires et de joie, mais par moment l’ambiance changeais et je les entendais murmurer avec résignation : « Je n’ai pas de chance » ou « Mesquina, elle n’a pas de chance. » Elles ont choisi d’attribuer leurs revers à la malchance. Cette croyance persistante les a progressivement enfermées dans l’impuissance apprise.
Ces mots, répétés comme un refrain, résonnaient avec une fatalité qu’on intégrait sans même s’en rendre compte. Mais en grandissant, j’ai compris une vérité essentielle : la chance n’existe pas.
Ces phrases, loin d’être anodines, installent subtilement des limites dans les esprits, des murs invisibles qui enferment et réduisent les possibles. Pourtant, cette croyance culturelle, profondément ancrée, ne fait que saper la force intérieure des femmes, éroder leur résilience et nourrit ce sentiment d’impuissance.
Voila comme une croyance transforme des défis en fatalités, alors qu’ils devraient être des opportunités de croissance.

Mais la croyante sait qu’elle ne s’en remet ni au hasard ni à une prétendue « malchance ». Elle place sa confiance en d’Allah ﷻ , agit avec foi, et avance avec détermination, prête à redéfinir sa réalité.
Nous, êtres humains, sommes complexes et parfois contradictoires. Ce qui nous distingue, cependant, c’est notre capacité à transcender les illusions et à embrasser pleinement notre responsabilité.
Ces souvenirs d’enfance me rappellent qu’au-delà de la résignation se trouve la capacité de reprendre notre pouvoir, de ne plus subir, mais de choisir.
Cet article explore comment sortir de cette impuissance apprise et réapprendre à reprendre le contrôle sur sa vie.
L’impuissance apprise : comprendre et déconstruire
L’impuissance apprise chez les femmes
L’impuissance apprise est un état mental dans lequel une personne, après avoir vécu des situations répétées et désagréables, qu’elle était incapable de maîtriser ou de modifier, finit par croire qu’elle n’a aucun pouvoir d’agir.
Elle se résigne alors et perd sa motivation.
Cette perception persiste même lorsqu’elle se retrouve plus tard dans des circonstances où elle est en capacité de changer les choses. Mais elle se sent inapte.
Incapable.
Ce concept psychologique qui a été étudié par le psychologue américain Martin Seligman, s’enracine également dans une accumulation de messages insidieux.
- “Ce n’est pas pour toi”
- “Tu n’en es pas capable”
- “Reste à ta place”
Ces phrases, répétées encore et encore, deviennent des murs invisibles qui brident nos ambitions.
Ces messages s’intègrent si profondément qu’ils influencent nos pensées et nos décisions sans même que nous en ayons conscience.
C’est ce qu’on appelle l’impuissance apprise, une prison mentale qui enferme dans l’inaction et la peur d’échouer.
Qui nous bride et nous entrave comme comme une chaîne, forgée par nos propres expériences négatives.
Même lorsque le maître coupe la laisse qui entrave, personne ne s’enfuit.
Vous restez attaché d’une manière invisible.
Avez- vous ce sentiment d’impuissance?
Elle est là, subtile mais omniprésente, cette petite voix qui murmure :
« Tu n’en es pas capable. »
Sans oublier les messages que vous avez intériorisés :
“Je n’ai pas de chance », « la pauvre fille » , « quelle idiote » à chaque fois que vous avez échouée et qui conditionnent les esprits dès l’enfance.
Puis la peur de l’échec vient nourrir ce sentiment d’impuissance. La peur nous chuchote les pires scénarios, nous persuadant que l’erreur est une honte.
Que le risque n’en vaut pas la peine. A quoi bon essayer !
Les quatre cavaliers de l’impuissance apprise
Les quatre cavaliers de l’impuissance apparaissent, chacun renforçant les murs invisibles qui vous enferment :
- Le doute constant : Il s’immisce dans chaque pensée, chuchotant que vos rêves sont hors de portée. « Suis-je vraiment faite pour ça ?
- L’autolimitation : Vous réduisez vos ambitions, vous rétrécissez vos horizons, car vous craignez d’échouer. Pourquoi postuler à un poste élevé quand une petite voix interne murmure : « Tu ne seras jamais choisie » ?
- Le conformisme : Trouver refuge dans l’acceptation des attentes des autres, en évitant tout ce qui bousculerait le statu quo.On choisit des objectifs plus modestes, plus « acceptables », qui ne risquent de provoquer ni critiques ni échecs.
- L’immobilisme : La paralysie totale. On finit par ne plus rien entreprendre, convaincu que l’échec serait insurmontable.Vous n’essayez même pas c’est perdu d’avance.
Résultat ? Vous voilà piégée dans une impuissance que vous n’avez jamais consciemment choisie.
Tout le monde y arrive sauf vous…
Cette phrase sonne comme une gifle, n’est ce pas ?
Et pourtant, lorsqu’on se sent impuissante, la tentation est forte de blâmer les autres pour nos frustrations.
C’est un bon moyen de fuir la douleur de nos propres limites.
C’est si facile.
Mettre la lumière sur les autres pour ne pas voir ce qui se passe en nous.
En laissant aux autres le pouvoir de combler nos attentes (chose qu’il feront rarement) nous nous enfermons dans un rôle de victime.
« Ils n’ont pas répondu à mes attentes, donc c’est de leur faute si je suis malheureuse. »
Ce raisonnement nous envahit, accompagné de sentiments tels que « Ça n’arrive qu’à moi » ou encore « Ce n’est pas ma faute. »
Il masque notre propre pouvoir, celui d’agir, de choisir, de reprendre en main ce qui peut être changé.
Submergées par notre propre impuissance, nous focalisons notre attention sur les autres, aveugles au véritable pouvoir qui sommeille en nous.
Le cercle vicieux qui affecte la santé mentale
Prenons l’exemple de cette femme. Elle se sent prisonnière de son célibat, qu’elle perçoit comme un fardeau. Pourtant, ce même célibat pourrait être une aubaine.
Une opportunité. Un terrain fertile pour grandir, se découvrir, s’épanouir.
Mais son esprit est figé. Immobilisé. Bloqué.
Elle stagne.
Elle a arrêté d’avancer, arrêté d’explorer.
Elle est persuadée qu’un homme sera le remède à son malheur. Ce qu’elle cherche, en vérité, ce n’est pas un partenaire, mais un sauveur. Pourtant, aucun homme – aussi attentionné soit-il – ne pourra la combler.
Tant qu’on n’a pas appris à le cultiver en soi.
Le bonheur
Il est inutile de le chercher ailleurs.
Une croyance qui rend impuissante
Ce qui la rend véritablement impuissante, c’est cette croyance illusoire que son salut dépend d’un autre. En adoptant une posture passive, en restant dans l’attente que quelqu’un vienne s’occuper de son bonheur.
Elle s’efface.
Elle abandonne sa propre capacité à agir et à reprendre le contrôle de sa vie.
Elle est conditionnée à croire qu’elle n’a aucun pouvoir sur la situation, ce qui la pousse à ne plus essayer de changer.
Son sentiment d’impuissance la submerge, mettant sa santé mentale en péril .
Elle plonge dans un désespoir profond. Elle se dit qu’elle n’a pas de chance.
Et voici le cercle vicieux qui s’installe: son désespoir la mène à la déprime, et elle en vient à croire que c’est la tristesse d’être célibataire qui cause sa dépression.
Plus elle nourrit cette croyance, plus celle-ci s’enracine et devient sa réalité.
Cette conviction limitante verrouille sa capacité à être heureuse, et chaque jour qui passe renforce son sentiment d’impuissance.
Perdant peu à peu son éclat. Ne sait-elle pas ? Qu’aucun homme ne veut d’une femme malheureuse.
Finalement, elle s’enferme dans la résignation, persuadée qu’elle n’a aucun pouvoir pour changer sa situation.
Mais voici la bonne nouvelle : cette impuissance n’est pas innée, elle est apprise.
Nous pouvons démanteler les murs invisibles qui limitent notre esprit.
La foi et l’action : reprendre le contrôle sur soi
L’équilibre sublime
Dans l’islam, il est clairement établi que tout est entre les mains d’Allahﷻ . Rien n’échappe à Sa sagesse, ni au décret divin. Mais cette vérité fondamentale ne signifie pas l’inactivité ou la passivité. Bien au contraire, l’islam enseigne un équilibre sublime entre la confiance totale en Allahﷻ (tawakkul en arabe) et l’action.
L’islam appelle à cet équilibre parfait, où la croyante forte, portée par sa foi, s’élève au-delà de ses peurs pour transformer sa réalité.
Comment sortir de l’impuissance
Prendre conscience qu’il s’agit d’une construction mentale est une étape clé. En s’auto-analysant, vous pouvez identifier ces croyances limitantes qui freinent votre progression et entamer le processus de leur déconstruction.
Mais la réflexion seule ne suffit pas. Si elle reste théorique, elle devient stérile.
Se faire coacher offre un cadre bienveillant et structuré pour repérer ces croyances enracinées et, surtout, pour les remettre en question. Un coach peut vous guider dans l’exploration de nouvelles perspectives, vous aider à réécrire vos narratifs internes et à adopter des pensées qui vous libèrent et vous propulsent vers vos objectifs.
La sortie de l’impuissance passe donc par un choix audacieux. Celui d’arrêter d’attendre que les choses changent d’elles-mêmes ou que les autres apportent des solutions. Ce choix, c’est celui de se réapproprier son pouvoir, de devenir une actrice de sa propre vie.
Les étapes pour sortir de l’impuissance apprise
- Acceptez vos émotions sans jugement La première étape pour avancer est d’accepter ce que vous ressentez. Plutôt que de résister à ce sentiment d’impuissance, observez-le. Comprenez qu’il est normal d’avoir des moments où l’on se sent dépassé.
- Identifiez ce que vous pouvez contrôler Si vous vous concentrez uniquement sur ce qui échappe à votre contrôle, vous alimentez ce sentiment d’impuissance. Recentrez votre énergie sur ce que vous pouvez changer, même si cela semble insignifiant. Chaque petite action compte.
- Redéfinissez vos croyances limitantes Souvent, l’impuissance est renforcée par des croyances négatives comme « je ne suis pas assez bien » ou « je n’y arriverai jamais ». Questionnez ces pensées. Remplacez-les par des paroles encourageantes.
- Prenez des actions, aussi petites soient-elles L’action est un remède puissant. Peu importe si le premier pas est minime – ce qui compte, c’est de bouger.
- Appuyez-vous sur votre foi et vos valeurs profondes Si vous êtes croyante, rappelez-vous que tout est entre les mains d’Allah ﷻ, mais que l’action est essentielle. Trouvez cet équilibre entre tawakkul (la confiance en Allah ﷻ) et amal (l’effort), et mettez votre foi en mouvement. Votre spiritualité peut devenir une boussole puissante pour surmonter le sentiment d’impuissance.
- Inspirez-vous des exemples de résilience Regardez autour de vous ou dans l’histoire : les plus grandes transformations sont souvent nées des moments les plus difficiles. Ces récits peuvent être une source de force pour vous motiver. Rappelez vous de Yunus (Jonas) dans le ventre de la baleine, parfois il faut juste se tourner vers Allahﷻ avec des invocations pleines de sincérité pour obtenir un nouveau départ.
Transformée par la foi
Parfois, Allah ﷻ nous conduit dans les profondeurs non pas pour nous perdre, mais pour nous permettre de trouver une nouvelle lumière. Dans ces moments où tout semble obscur, nous sommes amenée à réfléchir, à se reconnecter à notre cœur, à notre essence, à Allah ﷻ . C’est dans ces descentes que naissent les plus grandes ascensions. Et quand vous sortez de cette épreuve, vous n’êtes plus la même personne : vous êtes plus forte, plus sage, et plus proche de Celui qui guide chaque pas de votre vie
Levez-vous, parlez, créez. Le monde a besoin de votre lumière.
Soyez Puissante