Mariage en Islam : Des likes aux larmes…Quand insta fait divorcer

Pourtant  le mariage en islam, n’est pas un simple contrat social. C’est un pacte, un contrat moral, un engagement solennel ¹ entre deux âmes, sous le regard d’Allah ﷻ.

Qu’avons-nous perdu pour que ce pacte lourd de sens ² devienne si fragile ?

Pourquoi nos mariages échouent ? 

On met le spectacle en priorité… et on oublie l’essentiel.

Une introspection nécessaire

On veut montrer avant de bâtir.
On soigne les photos, les stories, l’image extérieure… pendant que l’intérieur se fissure.
Et on rêve de « beaux moments », mais on oublie que les vrais liens se construisent dans la sérénité, la patience. Et dans la bonne entente.

On oublie de bâtir sur des valeurs.
Le respect, l’honnêteté. La loyauté. Le pardon.
Sur la volonté de bien faire, même quand personne ne regarde.
Sur l’amour pour Allah, pas pour le regard des gens.

Le spectacle continue

La fête de mariage, c’était il y a des années.
La robe est au placard.
Mais il faut continuer le show.
On poste un bouquet de fleurs, le resto en amoureux, le voyage à Dubaï…

Pourquoi ? Parce qu’il faut prouver que « tout va bien ».

Il faut des likes. Vite. Un shoot d’approbation. Une dose d’attention.
Comme une piqûre pour calmer un manque.

Mais à quoi bon un joli filtre quand l’intérieur est fané ? Lorsque votre attention se dirige sur le feed, que reste-t-il pour votre époux ?

Mariage en islam: un pacte solennel, une école pour l’âme

Le mariage en islam n’est pas une fin en soi, ni une échappatoire à la solitude.

 C’est une adoration continue, un engagement moral et spirituel, scellé sous le regard d’Allah ﷻ.

C’est la moitié de la religion

Le mariage est un miroir qui révèle des aspects cachés de notre personnalité. C’est en vivant avec l’autre, dans cette intimité extrême que l’on découvre ses défauts et qualités. Cette connaissance de soi est essentielle pour se corriger, s’améliorer, s’élever spirituellement. Et se rapprocher d’Allah ﷻ.

 C’est un lieu d’effort, de pardon, de dépassement de soi. Où l’on apprend à aimer pour Allah, à s’améliorer pour Lui.

De l’affection et de la bonté les ingrédients divin du mariage en islam

Le Coran nous parle de mawadda — un amour profond, intense. De rahma — une miséricorde, une bonté. Et de sakina — la sérénité, cette paix intérieure.

“Et parmi Ses signes Il a créé de vous, pour vous, des épouses pour que vous viviez en tranquillité avec elles et Il a mis entre vous de l’affection (Mawada ) et de la bonté (wa rahma). Il y a en cela des preuves pour des gens qui réfléchissent.” (sourate 30 verset 21)

Ce ne sont pas de jolis mots à glisser dans un faire-part.

Ce sont les fondations d’un foyer stable, apaisé. Qu’il faut entretenir avec foi et constance.
La mawadda ? Ce n’est pas juste de l’amour ou une attirance. C’est un amour raffiné, profond, que Dieu dépose Lui-même entre deux cœurs qui se sont engagés. Un lien puissant.

 Si vous pensez que le véritable amour, ce sont les papillons dans le ventre…
Attendez de goûter à la mawadda.
Un amour profond. Qui perdure, même quand les défauts apparaissent, même quand les épreuves s’invitent. Un amour qui dit : « Je continue de te choisir, non pas pour ce que tu me fais ressentir, mais pour ce que je vois en toi, même dans tes fragilités. »

Et quand cet amour est accompagné de rahma – cette miséricorde tendre – alors même la fatigue devient douce.
Cette rahma murmure : « Je reste bonne et tendre envers mon époux, même quand la vie est dure »….même quand il est (un peu) relou. 😉 .

Parce qu’il ne s’agit pas que de lui.

Il s’agit de vous. De ce que vous construisez avec la volonté de plaire à Allah.

Pourquoi alors autant d’échecs ?

Soyons honnêtes

Ce n’est pas le mariage en islam qui échoue, ce sont nos priorités qui déraillent. Nos valeurs qui se perdent. On entre dans le mariage avec des attentes irréaliste. Avec des imaginaires nourris et pourris par les dramas turcs et les couples « parfaits » en ligne.
Alors on attend que l’autre nous rende heureuse, sans toujours se demander : et moi, que suis-je prête à donner ?

On cherche le frisson, mais on fuit la responsabilité de l’engagement.

 Résultat ? À la moindre difficulté, au moindre défaut, on parle de divorce. Non pas parce qu’il est interdit – il ne l’est pas – mais parce qu’il est devenu la solution facile, rapide, pour “couple moderne ». On vient, on s’installe, on exige… Et quand on est pas satisfaite, on part.

« Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu » disait Jules César.

Mais nous, on est venues, on a « vu »…
Et on a fait marche arrière.
Parce que c’était trop dur, pas assez fluide, pas assez romantique, pas assez fun. On a confondu engagement avec confort.
  C’est trop dur alors on finit par se convaincre que l’herbe est plus verte ailleurs…
Mais on oublie que c’est la patience, qui fait fleurir le jardin qu’Allah nous a confié.

Une maltraitance silencieuse du lien 

Le vrai problème, ce n’est pas le divorce.
Il commence bien avant, dans le silence pesant qui s’installe dans le foyer.
Je vois tant de femmes lutter pour « sauver leur couple », mais en réalité, elles ont déserté.
Elles se concentrent sur l’autre : ce qu’il ne fait pas, ce qu’il ne dit pas, ce qu’il ne donne pas…
Elles scrutent ses défauts, comptent ses lacunes… mais oublient de se regarder elles-mêmes.
Et croient, sincèrement parfois, que tout est de sa faute.

Mais non!
Vous êtes, vous aussi, à 100 % architecte de votre vie de couple.
Alors faites votre part. Ne laissez pas vos émotions passagères, ni les chimères de la société, saboter ce lien solide.

Blâmes, critiques, reproches…

Mais voilà : par peur du rejet, et pour éviter la souffrance de se faire critiquer. On prend la fuite
On se cache derrière les enfants, le travail, les écrans.
On scroll sans fin… pour éviter d’affronter ces émotions désagréables.
La frustration. Le vide. Le ressentiment.

Mais plus vous scrollez, plus vous vous éloignez…
Vous voyez des « date nights », des voyages surprises, des maris qui dansent en cuisine. Et vous vous dites : « C’est ça qu’il me manque. »
Mais non, ma sœur. Ce qu’il vous manque. C’est vous. Présente. Ancrée dans votre histoire, pas dans celle des autres.

Et pendant que vous regardez ailleurs… votre lien à vous se défait.
Et puis, sans que vous ne compreniez comment…
L’éloignement s’installe.
Le cœur devient tiède.
Deux âmes autrefois unies deviennent… deux colocataires.

On ne se parle plus vraiment.
On ne s’écoute pas.
Et on vit côte à côte, mais on ne chemine plus ensemble.

Et puis vient le pire.

On ne donne que si l’autre donne.
On compte les points, comme dans une bataille d’ego.
Et on devient mesquines, rancunières.
Alors on blâme, on accuse, on exige… mais on évite soigneusement de se remettre en question.

On arrête de cultiver la bonté dans le lien du mariage.
On cesse de combattre nos côtés sombres.

Résultat? On lutte contre l’autre au lieu de lutter contre nous même.

Mais à quel prix ?

 Le mariage en islam c’est surtout la bonne entente. Un couple ne peut s’épanouir que dans un foyer chaleureux, doux, sécurisant.
Dans une ambiance apaisée, pas dans une guerre froide.

Revenir à l’essentiel 

Alors, que faire quand le cœur s’éloigne, quand la foi s’affaiblit et que le couple vacille?
Par où recommencer quand on a l’impression de s’être perdue en chemin ?

 Il faut revenir à l’essentiel.
À la base. Mais avant, on fait le ménage !

Débarrassez-vous de cette idée toxique :

« Si mon époux était meilleur, plus riche, plus romantique …je serais plus heureuse. »

Cette pensée nourrit un poison silencieux : la conviction que c’est toujours de sa faute.

Et tant que vous restez dans ce schéma…  Vous vous privez de votre pouvoir d’agir. Vous attendez que l’autre change pour aller mieux.

Mais votre paix, votre élévation, votre joie intérieure…ne dépendent pas de lui. Elles dépendent de votre intention,de votre foi, de vos actions.

Débarrassez-vous d’Instagram:

Oui, je sais. Vous n’allez pas le faire.

Instagram vous fait croire que votre couple n’est jamais assez. Il anéantit votre gratitude. Débarrassez-vous de ce qui vous empêche d’être reconnaissante. Et par pitié ! Désabonnez-vous de cette influenceuse qui vous fait croire qu’un mari doit vous offrir du Dior tous les mois, pour prouver son amour. Et observez:

Votre cœur s’apaise.
Vos pensées s’éclaircissent.
Votre regard sur votre couple devient… plus juste.

Et si vous êtes au bord de la rupture, fatiguée, frustrée, amère, supprimez l’application pendant un mois… vous verrez la différence.

Le mariage en islam : un acte de générosité

 Reconnectez-vous au réel. À votre mari, votre foyer. Au valeurs de l’islam.
Posez le téléphone. Regardez l’autre vraiment. Écoutez. Touchez. Parlez.
Juste vous deux.

Et si on revenait à l’essentiel ? Le mariage en islam n’est pas une case à cocher, c’est un acte d’adoration.

 Commencez par pardonner — à vous-même, à votre époux — et posez-vous cette vraie question : pourquoi suis-je mariée ?

 Renouvelez votre intention avec sincérité. Même un simple « je t’ai préparé un café » peut devenir un acte de rahma (miséricorde) si c’est fait pour apaiser, pour aimer sincèrement.

Accueillez avec douceur, semez la miséricorde dans les petits riens. Quand est-ce que vous l’avez accueilli avec un vrai sourire pour la dernière fois ?
Un sourire sincère, qui dit : « Tu es important. Tu es attendu. »
En islam, même un sourire est une aumône. Alors imaginez sa valeur dans votre couple.

Et si vous commenciez à semer la rahma ?
Un regard doux. Un mot apaisant. Un silence bienveillant à la place d’un reproche.
C’est là que naît la vraie miséricorde conjugale.

 Développez votre intelligence émotionnelle : écoutez sans juger, parlez sans blesser, choisissez le bon moment. Et surtout, remettez Allah au centre. Pas pour sauver votre couple quand ça va mal, mais pour l’ancrer chaque jour.

Le but ? Pas la perfection, mais la progression. L’amélioration de soi et du lien.

Ensemble, vers Lui.

Et Allahou A’lam  (Et Allah est le plus savant)

Soyez Puissante dans votre couple.

Sources:

1. « Comment oseriez-vous le reprendre, après que l’union la plus intime vous ait associés l’un à l’autre et qu’elles aient obtenu de vous un engagement solennel? » Sourate 4, verset 21 ↩︎
2. Dans son exégèse, Ibn Kathir, décrit « al mithaq al ghalid » comme étant un lien qui ne peut être comparable à aucun autre lien :
   source : Le mariage en Islam : des liens intimes et un pacte lourd de sens Dr. Asma LAMRABET ↩︎